Stanislas Zezé : “Avant le libre-échange, libérons notre souveraineté”
« Vous parlez de libre-échange ? Commencez par me permettre de prendre un vol demain sans attendre un visa une semaine. »
— Stanislas Zezé
Quand Stanislas Zezé prend la parole, ce n’est jamais pour faire joli.
C’est pour secouer, interpeller et surtout, proposer.
Et cette fois encore, l’entrepreneur ivoirien engagé ne mâche pas ses mots.
Il met le doigt sur une réalité qu’on préfère souvent maquiller : l’Afrique parle d’union, mais vit encore sous le poids de ses chaînes invisibles.
Une voix qui nomme les vrais blocages
Ce que dit Zezé, beaucoup l’ont pensé.
Mais il a l’audace — et le courage — de le dire avec des mots qu’on ne peut plus ignorer.
Dans sa prise de parole, il pointe trois blocages structurels qui empêchent l’Afrique d’avancer vers une vraie intégration économique.
1. Le mythe de la libre circulation
« On me convoque à Douala, je suis à Abidjan. Il me faut un visa. Résultat : je rate la réunion. Voilà la réalité. »
Comment construire un marché commun si les Africains eux-mêmes ne peuvent pas circuler librement entre leurs pays ?
Dans de nombreux cas, il faut encore un visa pour passer d’un État africain à un autre.
Les délais sont longs, les processus absurdes, et les passeports africains restent parmi les plus contraignants au monde… même sur leur propre continent.
C’est un non-sens. Une absurdité qui freine les échanges, la coopération, l’innovation et la croissance.
2. Une économie sans transformation
« Vous voulez commercer entre vous, mais vous ne transformez rien. Que vendons-nous les uns aux autres ? »
L’Afrique regorge de ressources.
Mais au lieu de les transformer, elle les exporte à l’état brut… pour ensuite les racheter transformées, à prix fort.
Ce modèle de dépendance nous appauvrit.
Le libre-échange sans valeur ajoutée locale est un mirage.
Ce que propose Zezé, ce n’est pas de rêver d’un commerce inter-africain idyllique.
C’est d’abord de poser les fondations industrielles nécessaires : transformer ici, produire ici, vendre ici.
3. Des monnaies qui ne se parlent pas
« Je suis en Côte d’Ivoire, j’achète au Ghana : je passe par le dollar. Au Cameroun ? Par l’euro. »
Même pour commercer entre voisins, nous dépendons encore de devises étrangères.
La plupart des monnaies africaines ne sont ni convertibles, ni interconnectées.
Résultat : une économie fragmentée, des frais inutiles, et une souveraineté monétaire inexistante.
Le commerce triangulaire a juste changé de visage. Il est toujours là, même entre pays africains.
Une vision radicale ? Non. Nécessaire.
Face à ces constats, Stanislas Zezé ne se contente pas de dénoncer.
Il propose. Il rêve, oui — mais il rêve concret.
« L’Afrique devait être un seul marché de capitaux. Une seule monnaie. Une bourse commune. »
Cela peut paraître radical. Mais c’est surtout visionnaire.
Il imagine une Afrique capable de lever des fonds à l’échelle du continent, de maîtriser sa monnaie, de devenir enfin actrice de son propre développement.
Pourquoi cette parole est essentielle
Parce que nous parlons trop souvent d’intégration régionale sans en traiter les vraies racines.
Parce que bâtir un continent, ce n’est pas seulement une affaire d’infrastructures ou de discours politiques.
C’est aussi et surtout une affaire de volonté collective, de lucidité, et de courage.
Stanislas Zezé fait partie de ces voix qui dérangent… mais réveillent.
Des voix qui ne demandent pas qu’on les suive aveuglément,
mais qu’on réfléchisse, agisse et bâtisse, chacun à sa manière.
À méditer. À partager. À inscrire dans nos priorités collectives.
Le panafricanisme ne peut pas rester une idée.
Il doit devenir un chantier. Une stratégie. Une politique concrète.
Et pour cela, il faut des voix. Des idées. Des bâtisseurs.
Et vous, que bâtissez-vous ?