Josiane Dongmo : Bâtir les consciences avant de bâtir des empires

« Nous connaissons très peu notre propre identité et notre continent. Et dans un tel état d’esprit, nos capacités de construction sont limitées. »

— Josiane Dongmo

Et si le véritable chantier africain était mental ?

Josiane Dongmo est bien plus qu’une consultante en développement d’affaires. Elle est une architecte. Pas celle des bâtiments, bien qu’elle ait été ingénieure en génie civil. Mais une architecte des consciences, des récits, des identités.

Et son matériau principal, c’est l’information juste, celle qui éclaire, bouscule, déconstruit et reconstruit.

Une révélation au cœur des villages

Au fil de ses missions dans les zones reculées du Cameroun, Josiane observe un contraste troublant : des populations dotées de ressources et de potentiel, mais paralysées par une attente constante d’aide extérieure.

Des villages entiers dépendants d’interventions étrangères pour accéder à l’eau, à l’électricité, à l’organisation économique la plus basique.

Ce constat fait naître une réflexion profonde. Elle comprend que le véritable frein n’est pas le manque de moyens, mais une mentalité conditionnée à attendre plutôt qu’à initier.

Elle décide alors de s’engager dans un chantier bien plus ambitieux que l’ingénierie civile : celui de la reconstruction mentale et identitaire.

C’est ainsi que naît Growth For All, une association conçue pour éveiller, responsabiliser et faire émerger une nouvelle génération d’Africains bâtisseurs et conscients de leur valeur.

Déconstruire pour mieux bâtir

Mais le chantier n’était pas seulement extérieur. Il était aussi intérieur.

Josiane avoue avoir été, comme beaucoup, programmée pour exceller dans un système : chercher un bon poste, rester loin de la politique, ignorer la géopolitique africaine. Elle découvre tardivement l’histoire réelle de son continent, les enjeux structurels qui le freinent.

Son plus grand défi ? Se libérer du syndrome de l’imposteur, malgré un parcours académique brillant. Comprendre que son rôle allait bien au-delà de sa formation d’ingénieure : il fallait reconstruire à partir d’une identité assumée.

Une voix qui trace son chemin

“Si mon projet s’arrêtait demain, il resterait mes pensées”, dit-elle. Et dans ses pensées se trouve une conviction puissante : avec la bonne information, l’Afrique peut avancer de 10 ans.

Elle le constate chaque jour. Un entrepreneur qui décide d’élargir ses activités à un autre pays après avoir lu l’une de ses publications. Une femme qui se sent enfin légitime à parler d’économie. Chaque mot, chaque post, chaque intervention est une brique posée.

Un rêve de collaboration éthique

Josiane rêve d’un écosystème où les bâtisseurs de demain se connectent. Pas pour exploiter, mais pour investir avec éthique et vision. Elle cherche des co-architectes : ceux qui veulent transmettre des valeurs plutôt que des modèles copiés-collés.

Une phrase gravée pour demain

« Permets à ta future génération de marcher la tête haute lorsqu’on parlera de l’Afrique. »

Voilà ce que Josiane Dongmo graverait dans la pierre si elle devait ne laisser qu’un seul message.

Une voix. Une brique. Et vous ?

Josiane bâtit avec sa voix. Elle ne cherche pas à être une héroïne solitaire, mais une conscience collective. Elle nous pousse à cette question essentielle : Et vous, que bâtissez-vous ?

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